Sanctions à l’encontre de l’Iran : la France doit assumer toute sa responsabilité

Anticipant les sanctions infligées à l’Iran par le gouvernement américain sous la présidence de Donald Trump, les entreprises françaises semblent décider de rompre leurs relations commerciales avec l’Iran. Signe emblématique : Air France suspend ses vols vers et en provenance de ce pays.

Cet événement est révélateur de plusieurs problèmes dans les politiques françaises et européennes. En particulier, il met en évidence qu’en matière de politique étrangère, des shows médiatiques ne servent à rien et que les intérêts tant de la France que des pays européens nécessitent de prendre des initiatives politiques et de ne pas rester à la remorque des autorités américaines.

Selon certains observateurs, l’objectif du gouvernement américain est de déstabiliser le pays, voire de mettre fin à son intégralité territoriale, compte tenu de la présence de plusieurs ethnies dans le pays. En quelque sorte, il s’agirait de reproduire ce qui s’est passé en Irak et en Libye. D’après cette analyse, la hausse des pressions, surtout les sanctions économiques, ajouteraient aux mécontentements et faciliteraient la déstabilisation et la division du pays. Cette hypothèse n’est pas à écarter. Quoi qu’il en soit, l’attachement à l’intégralité territoriale du pays semble constituer un ciment qui rend complexe l’analyse des rapports de force en Iran. Aussi bien les conservateurs (« le guide », les forces armées de passdarans notamment) que les la fraction dite « modérée » ou « réformiste » du régime (le président et ses alliés notamment) y insistent. La majorité des iraniens y attachent aussi une importance primordiale.
Rappelons que la signature de l’accord dit nucléaire avec l’Iran a été considéré par le peuple iranien comme une ouverture aussi bien vers le monde que dans le pays (plus de libertés, moins de press sur les femmes, par exemple en matière vestimentaire, etc.). Elle a été aussi jugée comme une occasion pour sortir des difficultés économiques engendrées par la politique américaine.
Ce constat ne blanchit évidemment pas la responsabilité des autorités iraniennes dont les politiques sont à l’origine des souffrances des citoyens de ce pays. Il n’en demeure pas moins vrai que de l’avis de la plupart des experts et observateurs avisés, l’un des enjeux de l’accord nucléaire porte sur les rapports de force entre les camps conservateurs et « réformistes » en iran. Sans exagérer outre mesure l’importance du conflit entre les deux camps, il convient cependant de souligner que le recul du camp conservateur est synonyme de plus de libertés pour les iraniens et surtout pour les femmes qui sont les premières victimes des politiques et pratiques liberticides.
Les modérés comptaient sur l’accord nucléaire pour alléger les difficultés économiques et justifier ainsi leur politique d’ouverture et de négociations avec l’Occident . En effet, outre les problèmes politiques et notamment de l’absence de la démocratie, des libertés individuelles et de la laïcité, le pays est en proie à de nombreuses difficultés économiques : le chômage élevé surtout parmi les jeunes y compris les jeunes diplômés, l’inflation galopante, la dévaluation rapide de la monnaie qui a perdu pratiquement la moitié de sa valeur en l’espace de quelques mois, des inégalités criantes, la corruption, etc. Les nouvelles sanctions américaines vont certainement accentuer ces difficultés. Et les conservateurs veulent en profiter pour justifier leur politique de fermeture, y compris en termes de libertés élémentaires.
Face à une telle situation, les pays européens et notamment la France sont devant une responsabilité historique car le suivisme et l’acceptation de la politique américaine risquent de renforcer le camp conservateur en Iran au détriment d’un peule qui inspire surtout aux libertés.
Mais la responsabilité de la France et de l’Europe ne se pose pas uniquement vis-à-vis des iraniens ; elle concerne également notre propre pays car au-delà des aspects géopolitiques, les enjeux économiques sont importants pour nous, notamment en termes de la production industrielle (pétrole, automobile, transports, etc.). Au moment où le déficit du commerce extérieur se creuse, et ceci malgré des milliards de cadeaux accordés aux entreprises au nom de l’amélioration de la compétitivité, la rupture de relations commerciales avec l’Iran risque d’aggraver le déficit de notre balance commerciale.

Le suivisme français et européen est aussi révélateur d’un autre problème majeur, à savoir la domination du dollar et l’incapacité des pays européens à faire de l’euro une monnaie internationalement reconnue au service des coopérations bénéfiques à tous les peuples. Cette incapacité est liée au fait que, contrairement aux promesses et discours tenus, la politique libérale de l’Union européenne ne permet pas de créer une base économique solide fondée sur une valorisation du travail en Europe, ce qui affaiblit aussi sa position sur la scène internationale.
On le voit bien, il y a une logique cohérente dans ce qui se passe : la dévalorisation du travail, l’affaiblissement de la base industrielle et productive, l’affaiblissement des services publics, ces conséquences néfastes des politiques libérales, affaiblissent aussi la position de la France et de l’Europe dans les relations internationales. 

Pour que la France, pays des droits de l’Homme, et l’Europe puissent être à la hauteur des attentes des citoyens tant dans notre pays qu’ailleurs, il faut rompre avec les politiques libérales et reprendre le chemin vertueux du progrès social qui est indispensable pour le développement économique, celui étant aussi indispensable pour consolider notre position sur la scène internationale pour promouvoir des coopérations bénéfiques à tous les peuples.

 

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