BCE et euro, une arme de guerre contre les peuples ?

L’euro a toujours été considéré par nombre d’économistes comme une monnaie bâtarde, incomplète, en ce sens qu’elle n’est pas adossée à une souveraineté unique, à un pouvoir politique en capacité d’assurer les transferts budgétaires nécessaires pour compenser les déséquilibres au sein de la zone et de mutualiser les dettes publiques. La BCE ne peut donc pas jouer son rôle de prêteur en dernier ressort. Construction bancale, la monnaie unique s’est ainsi trouvée en difficulté pour affronter une crise qu’elle a aggravée en contribuant à accentuer les divergences économiques entre ses membres, d’autant que la puissance dominante, l’Allemagne, menait une politique non coopérative.

Cette défaillance intrinsèque de l’euro se double désormais d’un doute sur son irréversibilité (intégration automatique des pays membres de l’UE satisfaisant les critères de Maastricht, sauf refus explicite de leur part, sans possibilité de sortie), base de sa crédibilité vis-à-vis des marchés financiers.

Si la Grèce reste pour l’instant dans la zone euro, sa sortie a bel et bien été évoquée dans les négociations et n’est toujours pas définitivement exclue. Les marchés savent donc qu’une brèche est ouverte par laquelle la spéculation pourra s’engouffrer. L’euro se révèle ainsi être moins une réelle monnaie unique qu’une simple zone monétaire dont la composition pourrait varier au gré de la conjoncture et des pressions du marché et qui pourrait un jour disparaître comme d’autres avant elle. La zone euro pourrait redevenir clairement ce qu’elle n’a jamais véritablement cessé d’être, une zone Mark.

Non-sens économique, la création de l’euro répondait en fait à d’autres objectifs. Elle s’inscrivait dans la perspective du fédéralisme technocratique dont la BCE constitue l’archétype : seule réelle institution fédérale, statutairement indépendante des pouvoirs politiques, dirigée par des technocrates non-élus mais issus du monde financier.

Disposant déjà du pouvoir d’imposer sa politique aux gouvernements, du fait de son statut et de sa mission (la stabilité des prix exclusivement), la BCE a vu son champ d’action et ses prérogatives élargis depuis la crise au point de devenir le bras armé des dirigeants européens dans leur offensive contre les peuples.

C’est donc tout naturellement qu’elle s’est retrouvée au sein de la Troïka, aux cotés de la Commission européenne et du FMI, deux institutions également non élues, pour assurer la mise sous tutelle des pays sollicitant l’aide financière de l’UE. Mais c’est surtout son attitude à l’égard de la Grèce depuis le 25 janvier qui montre clairement qu’elle est devenue l’exécuteur des basses œuvres de l’UE. Pendant que les dirigeants de la zone euro « négociaient » avec le gouvernement grec, c’est elle qui organisait méthodiquement l’asphyxie financière du pays afin d’obtenir sa reddition.

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